Freelance et instabilité bancaire : une réalité méconnue

Travailler en freelance offre liberté et flexibilité, mais comporte aussi des risques insoupçonnés. Dans cette vidéo, le créateur raconte comment sa banque a fermé son compte, invoquant une activité jugée « non conforme » à leurs critères. Son statut de travailleur indépendant, avec des revenus irréguliers et des virements internationaux, a suffi à éveiller les soupçons.

Ce témoignage met en lumière une problématique croissante : les institutions financières traditionnelles peinent à s’adapter aux nouveaux modes de travail.

Pourquoi les banques ferment-elles les comptes des freelances ?

La fermeture de comptes bancaires de freelances, bien que relativement rare, est un phénomène qui peut surprendre et inquiéter. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette décision de la part des établissements bancaires, souvent sans avertissement préalable ou avec peu d’explications détaillées.

1. Lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (LCB/FT)

Depuis quelques années, les banques sont soumises à des obligations réglementaires strictes en matière de surveillance des flux financiers. Si un compte présente des mouvements jugés inhabituels, notamment des virements fréquents depuis ou vers l’étranger, des montants variables ou des activités jugées “atypiques”, la banque peut suspecter un risque de blanchiment d’argent.
Les freelances travaillant à l’international — notamment les digital nomads — peuvent involontairement entrer dans ces critères de vigilance renforcée.

2. Absence de transparence ou documents justificatifs

Les freelances ne disposent pas toujours de structures juridiques formelles (comme une société enregistrée), ce qui peut compliquer la traçabilité des revenus pour les banques. En cas de demande de justificatifs (factures, contrats, etc.) restée sans réponse ou jugée insuffisante, la banque peut décider de fermer le compte par précaution.

3. Incompatibilité avec l’usage professionnel

Certains freelances utilisent un compte bancaire personnel pour des opérations professionnelles, ce qui est interdit par de nombreuses banques (notamment en Allemagne). Si la banque détecte une utilisation à but commercial d’un compte personnel, elle peut décider de le clôturer, t’invitant à ouvrir un compte professionnel.

4. Politique interne et rentabilité du client

Les freelances, en particulier ceux avec des revenus irréguliers ou modérés, peuvent ne pas représenter des clients “rentables” selon les critères d’une banque commerciale. De plus, certaines banques en ligne ou néobanques appliquent des règles internes strictes, parfois automatisées, pour limiter les profils jugés “à risque”.

5. Soupçons d’activité non déclarée ou non conforme au droit local

Si les revenus du freelance proviennent d’activités jugées sensibles ou mal perçues (crypto, jeux d’argent, trading à haut risque, etc.), cela peut entraîner la fermeture du compte, même sans preuve d’illégalité.

Comment se protéger en tant que freelance ?

Être freelance offre une grande liberté, mais comporte aussi des responsabilités accrues, notamment en matière de gestion bancaire. Face au risque de fermeture de compte ou de complications administratives, il est essentiel d’adopter une approche proactive et rigoureuse pour protéger son activité et sa stabilité financière.

1. Séparer clairement ses finances personnelles et professionnelles

Il est fortement recommandé d’ouvrir un compte professionnel (ou au minimum un deuxième compte personnel dédié à l’activité) pour toutes les transactions liées à votre activité freelance. Cela facilite la comptabilité, rend les flux financiers plus transparents, et montre à la banque que vous respectez les bonnes pratiques.

2. Conserver tous les justificatifs de paiement

Factures émises, contrats signés, captures d’écran de paiements, échanges avec les clients… Ces documents sont essentiels. En cas de contrôle interne de la banque ou de demande de justificatifs, pouvoir prouver l’origine et la nature légitime des fonds est crucial pour éviter tout malentendu.

3. Être transparent avec sa banque

Lorsque vous ouvrez un compte, surtout auprès d’une banque en ligne ou néobanque, déclarez clairement votre statut de freelance. Si votre activité évolue (nouveau pays, nouveaux clients, crypto, etc.), il est souvent préférable d’en informer votre banque, surtout si des virements internationaux réguliers sont en jeu.

4. Choisir une banque adaptée aux freelances

Certaines banques traditionnelles ou en ligne offrent des services spécifiques aux indépendants. Des néobanques comme Qonto, N26 Business, Revolut Business, ou Holvi (en Allemagne notamment), sont conçues pour répondre aux besoins des freelances et comprennent mieux leurs particularités.

5. Diversifier ses moyens de paiement et de stockage

Pour plus de sécurité, il est judicieux de ne pas dépendre d’un seul compte bancaire. Avoir un compte secondaire dans une autre banque peut s’avérer très utile en cas de blocage soudain. Certains freelances utilisent également des services de paiement comme Wise, Payoneer ou Paypal Business, mais ceux-ci ne doivent pas remplacer un compte bancaire principal.

6. Anticiper et constituer une réserve de sécurité

Les blocages bancaires peuvent prendre plusieurs jours, voire semaines, à se résoudre. Il est donc recommandé de constituer une réserve de trésorerie disponible sur un autre compte ou support, pour pouvoir continuer à payer ses charges (loyer, factures, abonnements) en cas de problème.

Un appel à la modernisation du secteur bancaire

À l’ère du travail à distance, de la mondialisation des services et de la montée en puissance du freelancing, le secteur bancaire montre encore des signes d’inadaptation. De nombreux freelances, nomades digitaux ou entrepreneurs indépendants se retrouvent confrontés à des rigidités administratives, des fermetures de comptes arbitraires ou une suspicion systématique dès que leur activité sort des schémas traditionnels. Cela met en lumière un besoin urgent : la modernisation du secteur bancaire.

1. Reconnaître les nouvelles formes de travail

Le modèle du CDI classique, avec salaire mensuel et employeur unique, n’est plus la norme pour une partie croissante de la population active. Pourtant, de nombreuses banques restent attachées à cette vision. Elles peinent à comprendre les flux variables, les paiements internationaux, ou l’absence d’un bulletin de salaire. Il est temps que le secteur bancaire reconnaisse la légitimité et la stabilité des revenus freelances, qui sont aujourd’hui un pilier de l’économie numérique.

2. Mettre en place des outils de vérification adaptés

Plutôt que de fermer des comptes dès qu’un mouvement sort de l’ordinaire, les banques devraient investir dans des systèmes de contrôle intelligents capables de distinguer les risques réels des simples particularités professionnelles. L’utilisation de l’intelligence artificielle et de l’analyse contextuelle pourrait permettre de mieux évaluer les profils indépendants sans les pénaliser injustement.

3. Favoriser la transparence et la communication

Trop souvent, les freelances reçoivent des notifications vagues, voire aucune justification, lorsqu’un compte est clôturé ou suspendu. Une communication claire, humaine et accessible est indispensable pour instaurer la confiance. Cela suppose également de former les équipes bancaires aux réalités du freelancing, afin qu’elles puissent répondre de manière pertinente et respectueuse.

4. Adapter les offres bancaires aux besoins des indépendants

Peu de banques proposent des services pensés spécifiquement pour les freelances : gestion de revenus variables, facturation intégrée, cotisations sociales, fiscalité internationale… Il y a là un marché immense et sous-exploité. Les banques qui sauront répondre aux besoins des indépendants auront une longueur d’avance dans un monde du travail en pleine transformation.

5. Intégrer l’inclusion numérique comme valeur centrale

Dans une société de plus en plus connectée, où des millions de personnes vivent et travaillent à l’étranger, le secteur bancaire a un rôle à jouer dans l’inclusion financière. Fermer un compte bancaire à un freelance sans raison valable ou sans alternative revient, dans certains cas, à le couper du système économique. Cela ne devrait plus être acceptable.


La modernisation du secteur bancaire ne consiste pas seulement à numériser des services, mais à adapter sa culture, ses outils et ses pratiques à une économie plus mobile, plus flexible et plus internationale. Il est temps que les freelances soient considérés comme des clients à part entière — et non comme des exceptions à surveiller.

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